Extrait d'un article de Fabrice DROUZY paru sur Libéblog.
Jeanne d'Arc perd les os"Las, il n'y a pas eu de miracle. Les restes calcinés de la «relique» de Jeanne d'Arc, conservés pieusement à Chinon depuis des années ne sont pas ceux de la sainte héroïne malheureuse qui périt dans les flammes à Rouen en 1431 , mais des fragments d'une momie égyptienne anonyme datant de la Basse Epoque (entre le VIIe et le IIIe siècle avant J.-C.). C'est ce que viennent de révéler les travaux du docteur Philippe Charlier, médecin légiste et paléothologue qui les étudiait depuis près d'un an. [...]Fin d'un mythe et épilogue d'un joli coup de pub scientifique.
L'affaire commence en 1867 à Paris, rue du Temple, lorsque sont découverts dans un bocal d'apothicaire, quelques os carbonisés censés avoir été recueillis sous le bûcher de la sainte. Outre les os (une côte humaine, recouverte d'un enduit noirâtre ressemblant à du bitume, et un fragment de vertèbre humaine), on trouve un bout de fémur de chat, un lambeau de tissu et de petits morceaux de charbons. Le couvercle du bocal contenait une inscription : «Restes trouvés sous le bûcher de Jeanne d'Arc, Pucelle d'Orléans.»
Pendant trois décennies, la «relique» va beaucoup voyager, passant entre les mains de nombreux étudiants. Les restes seront finalement étudiés en 1892 par une commission ecclésiastique à Orléans. Un an plus tard, le chanoine Desnoyers, directeur du musée historique de l'Orléanais, conclura qu'il s'agit d'une
«fausse côte humaine calcinée au feu, recouverte d'une épaisse couche noirâtre de baume dans lequel domine la poix ou un de ses dérivés», ainsi que d'une
«enveloppe de toile grossière de chanvre pur du XVe siècle et deux morceaux de chêne». Bref, il s'agit peut-être bien de la Pucelle... D'autres études venant infirmer ces conclusions, l'Eglise se gardera de reconnaître la relique. Finalement les fragments atterrissent en 1956 au
musée du Vieux Chinon.
Depuis, de nombreux historiens ont de nouveau élevé des doutes sur leur authenticité. Ainsi pour Véronique Clin-Meyer, spécialiste de Jeanne d'Arc «ces prétendues reliques sont une farce de carabin. Et le coup du chat qu'on aurait retrouvé avec les restes, ce n'est pas sérieux. Il n'y a jamais eu de chat brûlé avec Jeanne»... Et, de fait, une étude réalisée en 1979 à l'université de Gröningen au Pays-Bas, sur un fragment de bois datait la pièce de près de 4 000 ans avant notre ère. Soit l'âge du bronze, bien loin des bûchers anglais de Rouen.
Ces soupçons n'ont pas dissuadé le docteur Charlier d'étudier la «relique». A 29 ans, ce médecin légiste bardé de diplômes est devenu une référence dans une discipline pointue : la paléopathologie (examen scientifique des squelettes et momies). [...]
L'analyse de l'enduit noirâtre a été identifiée comme issu de pollens de pins peu compatibles avec le climat normand et il est apparu que le chat n'avait pas été brûlé et n'était pas d'une espèce européenne. L'ensemble n'a donc rien à voir avec Jeanne.
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Après le tremblement de terre, les bébés congelés, les suicides d'employés à la centrale et le retour de la momie.... je vous promets que j'adore pourtant ma bonne petite ville de Chinon !