
Je détourne son titre pour ce qui suit : deux scènes réelles vécues par moi ces dernières heures.
Contexte : j'attends le bus qui me ramènera chez moi après ma journée de travail. Il y a un homme de 30 ans, et un autre de 20 ans.
Le premier interpelle l'autre, visiblement ils se connaissent, il lui demande ce qu'il fait comme formation et lui conseille d'être le meilleur, toujours, car "dans ce pays si tu t'appelles Aziz ou Rachid, t'as toujours un Franck qui te passe devant, même s'il est moins compétent". Le plus jeune ricane, et le plus vieux continue. "La France tu l'aimes ou tu la quittes ? Mais pourquoi le Président est toujours à l'étranger ? Il aime pas son pays ?" et de lui conseiller de lire des livres, de s'intéresser aux musées, à la culture, et à tout ce qui rendra sa conversation intéressante "à leurs yeux". "Parce que sans ça, à table, tu es toujours le con !"
Bon, le bus arrive, et les deux hommes se noient dans la masse communément transportée...
Contexte : Aux heures de pointe, dans le tramway bondé, quelque part entre Saint-Cloud (Banlieue bien lotie de Paris) et le quartier de la Défense.
A deux stations de la Défense, la rame est déjà pleine, nous n'avons même pas la place d'attraper la barre pour se stabiliser. De toute façon, nous sommes si serrés qu'on ne peut pas tomber, c'est juste inconfortable. Le tramway s'arrête en gare, une femme d'une 50aine d'années, au cheveu gris parfaitement brushé, nous demande de nous serrer un peu afin qu'elle puisse monter. Mais nous ne pouvons pas lui laisser plus de place. Elle pousse et monte. La porte se ferme, le tramway repart, la dame râle. Trop serrée, elle ne voyage pas dans des conditions idéales.
A une station de la Défense, deux personnes souhaitent descendre, la dame refuse de bouger pour les laisser passer "vous n'avez pas bougé vot'cul pour qu'je monte et faudrait que moi je me pousse!?". La femme a un langage bien surprenant par rapport à son apparence. Un mouvement de foule permet aux deux personnes, fort surprises, de descendre. La masse humaine se réorganise, les portes se ferment et le tramway repart.
Un homme, une 30aine d'années, interpelle la femme brushée, "Vous êtes qui pour parler comme ça et manquer de respect ?". Réponse ? "Moi je suis chez moi !" L'homme est noir, et la femme est cernée de gens de couleurs. Nous sommes tous estomaqués. Une autre femme blanche et moi lui faisons remarquer que nous tous aussi et que pour autant personne ne râle contre elle. Elle nous dit qu'elle est née en France et patati et patata....
La suite de ses propos est évidente et je ne la retranscris pas. Heureusement que tout le monde a su garder son calme car je pense que le lynchage aurait été possible.
Je suis tellement surprise par ces deux scènes, et pourtant tellement confrontée à cela tous les jours !
Que pensez-vous de tout ceci ? Dans les pays où vous êtes ou dans vos idées, vous vivez ce genre de scènes ?
Comme disait nos anciens "le racisme commence par le village d'à côté" mais tout de même, ne peut-on pas vivre tous ensemble sans que certains soient "plus égaux que d'autres"* ?
Tristement j'ai repensé aux Strange Fruit (fruits étranges) américains, chantés par Billie Holiday en 1939...
Contexte : j'attends le bus qui me ramènera chez moi après ma journée de travail. Il y a un homme de 30 ans, et un autre de 20 ans.
Le premier interpelle l'autre, visiblement ils se connaissent, il lui demande ce qu'il fait comme formation et lui conseille d'être le meilleur, toujours, car "dans ce pays si tu t'appelles Aziz ou Rachid, t'as toujours un Franck qui te passe devant, même s'il est moins compétent". Le plus jeune ricane, et le plus vieux continue. "La France tu l'aimes ou tu la quittes ? Mais pourquoi le Président est toujours à l'étranger ? Il aime pas son pays ?" et de lui conseiller de lire des livres, de s'intéresser aux musées, à la culture, et à tout ce qui rendra sa conversation intéressante "à leurs yeux". "Parce que sans ça, à table, tu es toujours le con !"
Bon, le bus arrive, et les deux hommes se noient dans la masse communément transportée...
Contexte : Aux heures de pointe, dans le tramway bondé, quelque part entre Saint-Cloud (Banlieue bien lotie de Paris) et le quartier de la Défense.
A deux stations de la Défense, la rame est déjà pleine, nous n'avons même pas la place d'attraper la barre pour se stabiliser. De toute façon, nous sommes si serrés qu'on ne peut pas tomber, c'est juste inconfortable. Le tramway s'arrête en gare, une femme d'une 50aine d'années, au cheveu gris parfaitement brushé, nous demande de nous serrer un peu afin qu'elle puisse monter. Mais nous ne pouvons pas lui laisser plus de place. Elle pousse et monte. La porte se ferme, le tramway repart, la dame râle. Trop serrée, elle ne voyage pas dans des conditions idéales.
A une station de la Défense, deux personnes souhaitent descendre, la dame refuse de bouger pour les laisser passer "vous n'avez pas bougé vot'cul pour qu'je monte et faudrait que moi je me pousse!?". La femme a un langage bien surprenant par rapport à son apparence. Un mouvement de foule permet aux deux personnes, fort surprises, de descendre. La masse humaine se réorganise, les portes se ferment et le tramway repart.
Un homme, une 30aine d'années, interpelle la femme brushée, "Vous êtes qui pour parler comme ça et manquer de respect ?". Réponse ? "Moi je suis chez moi !" L'homme est noir, et la femme est cernée de gens de couleurs. Nous sommes tous estomaqués. Une autre femme blanche et moi lui faisons remarquer que nous tous aussi et que pour autant personne ne râle contre elle. Elle nous dit qu'elle est née en France et patati et patata....
La suite de ses propos est évidente et je ne la retranscris pas. Heureusement que tout le monde a su garder son calme car je pense que le lynchage aurait été possible.
Je suis tellement surprise par ces deux scènes, et pourtant tellement confrontée à cela tous les jours !
Que pensez-vous de tout ceci ? Dans les pays où vous êtes ou dans vos idées, vous vivez ce genre de scènes ?
Comme disait nos anciens "le racisme commence par le village d'à côté" mais tout de même, ne peut-on pas vivre tous ensemble sans que certains soient "plus égaux que d'autres"* ?
Tristement j'ai repensé aux Strange Fruit (fruits étranges) américains, chantés par Billie Holiday en 1939...
Southern trees bear a strange fruit
Blood on the leaves and blood at the root
Black body swinging in the Southern breeze
Strange fruit hanging from the poplar trees
- Les arbres du Sud portent un étrange fruit,
- Du sang sur les feuilles et du sang aux racines,
- Un corps noir qui se balance dans la brise du Sud,
- Étrange fruit suspendu aux peupliers.
Certains me trouveront excessive, mais il n'y a pas de fumée sans feu.
* Georges Orwell, La Ferme des animaux
* Georges Orwell, La Ferme des animaux
5 commentaires:
Je confirme, ces situations se voient au travail. Une femme de 40 ans, blonde (eh oui en plus..) sans qualification (ne s'est jamais donnée la peine de travailler et de penser même un peu) a fait remarquer à ses collègues qu'elle était la seule blanche dans l'équipe et que c'était aux autres de travailler. Je passe les détails des propos, j'en ai encore les cheveux qui se hérissent. Les autres : 2 infirmières l'une malgache et l'autre guadeloupéenne.2 aides soigantes : l'1 issue des colonies indochinoises l'autre du maghreb. Notre histoire coloniale et expensionniste était présent, bien vivant compétent et pour moi très français. La blanche a eu un rapport et un avertissement mais n'a toujours pas compris pourquoi ces propos posaient problème. A part une greffe de neurones on ne peut rien espérer
C'est terrible des propos comme ça !
Ici l'intolérance est plutôt liée à la classe qu'à la "race". Quand on a de l'argent, tout va bien. Par contre, combien de fois j'ai entendu des ricanements débiles quand je parle de la campagne, et donc des gens qui y vivent. Pour les Bangkokiens à la peau blanche, ces travailleurs des rizières, qui bronzent donc, sont des sous-hommes... Pathétique !
Eh ben ! A Paris en ce moment le bronzage est plutôt classe, surtout si tu as les marques des lunettes de soleil... Les faces de cachet d'aspirine n'ont pas skié, les pauvres ... !
tout ça n'est finalement qu'une affaire de mode. Mais ça prend des proportions honteuses !
Sincèrement la première situation m'a choquée. Je me disais qu'il y va fort, mais que peut-être il n'était pas dans le faux....
Mais en étant confrontée à la brushée je me suis dit qu'effectivement ça existe... Je dois être naïve.
Et ce sont aussi ces personnes là qui vont bientôt voter...
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