Dans quelques jours sortira un film biographique (un biopic) consacré à une partie de la vie de Serge Gainsbourg. Ma génération ne retient du bonhomme pratiquement que sa partie sulfureuse, le type barbu, clope et lunettes noires, qui aimait provoquer et faire scandale. Mais l'homme a eu une vie dense, et tellement multiple qu'il ne peut pas être réduit à ses frasques.
J'aime son oeuvre musicale, j'ai adoré lire
Evguénie Sokolov, j'aime ce génie, qui n'est pas mort en 1991 (purée ! bientôt 20 ans !). Il n'a jamais été aussi vivant d'ailleurs ! Je ne connais pratiquement pas son oeuvre picturale, et ignore pratiquement de tout de son cinéma. Chic ! Il me reste encore beaucoup à découvrir !
Dans les prochains jours, je vais essayer de vous faire (re-)découvrir quelques-uns de ces textes.
La chanson la plus connue de son premier disque
Du Chant À La Une ! (pour lequel il a reçu le Grand prix de l'Académie Charles-Cros, excusez du peu !) est "Le Poinçonneur des Lilas". Il y dessine l'ambiance souterraine du métro parisien de l'époque. Nous sommes en 1958.
Vous retrouverez ci-dessous une vidéo de 1959. Admirez la présentation !
Et les paroles, un régal !
Je suis le poinçonneur des Lilas, le gars qu'on croise et qu'on ne regarde pas. Y a pas de soleil sous la terre, drôle de croisière, pour tuer l'ennui, j'ai dans ma veste les extraits du Reader's Digest. Et dans ce bouquin y a écrit que des gars se la coulent douce à Miami pendant ce temps que je fais le zouave au fond de la cave. Parait qu'il y a pas de sot métier, moi je fais des trous dans les billets. Je fais des trous, des petits trous, encore des petits trous, des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous, des trous de seconde classe, des trous de première classe. Je fais des trous, des petits trous, encore des petits trous, des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous, des petits trous, des petits trous, des petits trous, des petits trous.
Je suis le poinçonneur des Lilas, pour Invalides changer à Opéra, je vis au coeur de la planète, j'ai dans la tête un carnaval de confettis j'en amène jusque dans mon lit. Et sous mon ciel de faïence je ne vois briller que les correspondances. Parfois je rêve, je divague, je vois des vagues et dans la brume au bout du quai je vois un bateau qui vient me chercher. Pour sortir de ce trou, je fais des trous, des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous. Mais le bateau se taille et je vois que je déraille, et je reste dans mon trou à faire des petits trous. Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous, des petits trous, des petits trous, des petits trous, des petits trous.
Je suis le poinçonneur des Lilas, Arts et Métiers direct par Levallois, j'en ai marre, j'en ai ma claque de ce cloaque. Je voudrais jouer la fille de l'air, laisser ma casquette au vestiaire. Un jour viendra, j'en suis sûr où je pourrai m'évader dans la nature. Je partirai sur la grand route, et coûte que coûte, et si pour moi il n'est plus temps je partirai les pieds devant.
Je fais des trous, des petits trous, encore des petits trous, des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous. Y a de quoi devenir dingue, de quoi prendre un flingue, se faire un trou, un petit trou, un dernier petit trou, un petit trou, un petit trou, un dernier petit trou. Et on me mettra dans un grand trou, et je n'entendrais plus parler de trous, plus jamais de trous, de petits trous, des petits trous, des petits trous, des petits trous...